Patrimoine
La Jonchère St Maurice est une commune qui a une histoire, et pas des moindres ! Avant d’être un bourg, La Jonchère fut une ville et une ville importante.
Ici ou là, quelques édifices, parfois de minuscules indices, viennent le rappeler au promeneur averti. Il est grisant de découvrir l’histoire d’un lieu derrière une pierre ou d’imaginer la vie quotidienne des générations précédentes autour d’édifices qui aujourd’hui donnent du charme à notre lieu de vie.
- l’Eglise
- les Bascules
- les Fontaines
- les Lavoirs
- Chapelle
- Statue
- Croix
- les Puits
- les Maisons remarquables
- les Fours à pain
Monographie de Saint Maurice de la Jonchère
Présentation (sur le parvis)
Localisation
Situées au nord ouest de l’arc du Thaurion, ces terres sont le lieu d’un peuplement important dans l’Antiquité. Même si aucun indice gaulois ni gallo-romain n’a été exhumé au centre de notre bourg, il faut rappeler qu’à proximité l’oppidum gaulois du Chatelard (cne : Jabreilles les Bordes) et l’ensemble cultuel du Puy de Jouer (cne : Saint-Goussaud) prouvent une réelle occupation humaine.
Cet endroit est aussi sillonné par un itinéraire de long parcours, axe économique qui relie les mines d’étain de Bretagne à la Méditerranée. Un tronçon a été repéré en 1979 aux Grands et Petits Marmiers remontant vers Jabreilles et le Puy du Chatelard. Régionalement, cette voie était le seul accès aux gisements miniers du nord des Monts d’Ambazac et de Saint-Goussaud (Etain, cuivre, or).
Lors de la christianisation, le pôle de peuplement autour de Jabreilles perdure. Une chapelle (détruite) dédiée à Saint Martin laisse à penser que nous sommes devant une paroisse « primitive » constituée vraisemblablement à l’époque mérovingienne. Cette entité territoriale ecclésiastique englobait les Billanges et la Jonchère. Toutefois, il n’est pas interdit d’envisager qu’un lieu de culte privé existe déjà dans notre bourg. En effet, le culte de Saint Maurice apparaît dès le IVe siècle en Suisse. Avec la chapelle Saint Blaise des Petits Marmiers et Sainte-Anne des Grands Marmiers, la possibilité est réelle d’être en présence de sanctuaires liés à d’importants domaines fonciers comme c’est le cas de Feytiat ou de Salagnac (cne. Grand-Bourg).
L’administration carolingienne dote les comtes de supplétifs nommés les « vicaires ». Ceux-ci organisent et ordonnent la vie économique et cultuelle d’un espace géographique donné. La Jonchère est alors intégré dans la « Vicaria » de Salagnac (cne : Grand-Bourg (Creuse). On ne sait que peu de chose de cette période qui s’achève avec la formation au début du XIe siècle du Comté de la Marche par Boson le Vieux.
En rivalité permanente avec l’évêque de Limoges, celui-ci décide d’étendre son territoire au plus près de Limoges. Les puissances ecclésiastiques, Poitiers et Limoges deviennent des opposants réels au comte. Pour endiguer ce seigneur, Poitiers fonde Le Dorat et Limoges par le biais de l’abbaye Saint-Martial, ainsi que La Souterraine.
C’est donc dans ce cadre politique qu’il faut raccrocher la naissance de la prévôté ecclésiastique de la Jonchère. La genèse de cette institution ne nous est pas connue. Les sources n’apparaissent qu’à partir du XIIe siècle. Le fils d’un dénommé AUMONE obtient en 1188 de la part de l’évêque Sébrand Chabot la charge de « prévôt » afin de coordonner l’exercice de ces exploitations agricoles sur son domaine de la Jonchère.
Même si aucun manuscrit ne nous le révèle, il est probable que notre prélat ait fondé une paroisse sur cette propriété. Ce dernier nomma sous l’Ancien Régime l’intégralité des curés de Saint Maurice. C’est donc ce présent édifice que nous allons tenter de vous présenter
Historique
L’église actuelle a été partiellement reconstruite en 1894 grâce aux dons de la famille des DEMONTS de VALMATTE. Peu de parties proviennent de l’église du XIIème siècle hormis l’ornementation du portail. L’église gothique nous est connue par une description insérée au sein du testament de Pierre Bondelli, daté du 28 mai 1456. On parle de trois nefs et de vingt autels imbriqués dans des chapelles. Selon certains éléments, on peut penser que le chœur a été construit au XIVème siècle. Au début de la Renaissance, le sanctuaire est encore imposant malgré la mise à sac de la bourgade par le Prince Noir.
La restauration d’un tel édifice est un problème pour une communauté villageoise. En effet, depuis l’Arrêt du Conseil d’Etat du Roy, rendu le 16 décembre 1684, l’ensemble des paroissiens du Royaume doit gérer les édifices cultuels.
En 1698, on décida de lambrisser la totalité de l’intérieur du sanctuaire. Cet aménagement, établi sous la direction du menuisier Lacombe, se termine à Pâques de la même année. En 1725 et 1765 les cloches du bâtiment sont refondues.
La campagne de restauration la plus conséquente remonte à 1776. Le devis de l’entrepreneur Léonard Barre nous montre que la toiture doit être entièrement refaite. Pour la faire, il demande l’achat de « quarante milliers de clous et deux milliers de tuiles et environ cinquante quintaux de chaux ». Quant au clocher, l’entrepreneur prévoit une couverture entièrement réalisée en bardeaux de bois. L’état du gros œuvre est désastreux. Les deux contreforts du mur nord sont en ruines. Une fissure dans cette même paroi menace la totalité du bâti. Quant au pavement de l’église, il est inexistant. On le construit entièrement. Ce chantier est estimé à 1370 livres. Malgré certaines réticences de la part des villageois contributeurs, la campagne est menée et se termine après trois années de chantier.
On notera qu’en 1822, la collectivité prend en charge le réaménagement intérieur de l’église. Il est décidé de repeindre le retable et le tableau représentant Saint-Maurice. La dorure du tabernacle sera refaite ainsi que la chaire à prêcher.
Enfin, en 1894, la préfecture et la municipalité ordonnent la reconstruction du bâtiment qui risquait l’éboulement. La réfection du clocher en 2004-2005 est la dernière retouche effectuée sur le sanctuaire.
Description
Intérieur
Nous rentrons dans le sanctuaire par un portail dont l’ébrasement est aménagé par trois séries de colonnes en délit, supportant de petits chapiteaux vierges de toute décoration. Ces supports élèvent des voussures en arc brisé. Cette structure est bien celle d’un parti roman : sobriété et massivité. Elle parait plus ancienne que celle de Bersac ou de Saint-Sylvestre.
L’édifice est formé d’une nef unique comportant deux travées, d’un transept surbaissé créant une croisée de transept et d’un chevet façonné de trois murs disposés en pans coupés. Trois types de voûtements cohabitent à Saint-Maurice. La nef est couronnée d’une voûte ogivale à quatre compartiments. Les bras du transept sont maçonnés par une voûte en plein cintre et le chœur est couvert d’une maçonnerie en cul de four organisée par cinq voussoirs ogivaux surhaussant le chœur pour intégrer les trois baies centrales. La même configuration se trouve dans l’église de Bersac.
Les supports sont aussi différents. Dans la nef, la voûte est supportée par des massifs carrés nommés «dosserets», associés à des demi-colonnes coiffées par des chapiteaux décorés. Le plein cintre du transept est maintenu par une corniche tandis que les voussoirs du chœur sont portés par des culots ouvragés.
Le parti sculpté est essentiellement concentré sur les corbeilles des chapiteaux de la nef. On les décore d’une série de feuilles d’acanthes tirées de l’ordre corinthien. La particularité de ces représentations vient du façonnage. En effet, la feuille d’acanthe se replie sur une boule. Cet agencement est aussi présent sur les portails de Saint-Sylvestre et Bersac. On peut dater ce type de décoration de la fin du XIIème ou début du XIIIème siècle.
Extérieur
L’extérieur du bâtiment préfigure l’agencement du sanctuaire. Le rythme de la nef est annoncé par des fenêtres en plein cintre. Celles-ci nous donnent certaines indications sur les différentes phases de construction. La deuxième baie crevant le mur sud développe une série de petits moellons qui la différencie des autres. On notera la présence dans les deux murs de fenêtres murées s’ouvrant dans les combles. On peut envisager que l’église fut rabaissée à une période donnée. Mais nous ne pouvons dire quelle était la fonction de ces ouvertures.
Sur le mur nord, nous constatons une reprise significative du mur. On reconstruisit tout le massif occidental à partir de cette faille que d’ailleurs l’entrepreneur Léonard Barre décrit dans l’entendu de son devis. Le reste de parement de l’église est peu lisible. La campagne de reconstruction de 1894 a eu comme conséquence de masquer les indices architecturaux permettant une datation de l’édifice.
Datation
On peut envisager que le portail roman soit le seul artefact du XIIème siècle. Sobre, on peut faire le parallèle avec certaines sculptures de l’abbaye de Grammont. La taille des chapiteaux se retrouve dans les différents modillons arborant une tête que l’on retrouve dans la commune.
La nef est trop restaurée pour être un élément de datation. Néanmoins son lapidaire, et la partie ogivale de sa voûte témoignent du XIIIème siècle, période à laquelle on peut associer Bersac. Enfin, le chœur et son type de voûtement sur culot peut avoir été élaboré à la fin du XIVème siècle. Au regard des différentes campagnes de restauration, nous tenons à dire que ces datations ne peuvent être certaines.
Jean-Philippe Chaumeil
Les bascules et les lavoirs
Les bascules
Elles furent édifiées à la du fin 18ème et au début du 19ème siècle.
Celle de la gare accompagne le passage et le développement du chemin de fer. Elle fut utilisée pour le transport des marchandises : pommes, pommes de terre, et bois pour les expéditions, engrais et chaux agricoles pour les réceptions. Elle fut fréquemment utilisée pour la pesée des animaux également.
Celle du bourg fut édifiée par décision municipale de 1905 : lors de la séance extraordinaire du conseil municipal du 10 décembre 1905, Monsieur Charles DE LEOBARDY, maire de la commune, portait à la connaissance des élus, les démarches qu’il avait entreprises pour l’installation d’une bascule publique.
Après avoir délibéré, le conseil décidait, à l’unanimité, de porter son choix sur la proposition de Monsieur Léon DUBAIN, balancier à Limoges qui s’engageait à fournir un pont à bascule moyennant le prix de 1.050 francs.
Ce pont, d’une force de 6 tonnes, était sorti tout droit de l’entreprise Benoît Trayvou, entreprise française de fabrication d’instruments de pesage fondée au XIXème siècle, et ayant disparu dans les années 1990.
Cette entreprise avait été créée, en 1827, par Monsieur Joseph BERANGER d’où le nom d’ancienne maison BERANGER sur la plaque du mécanisme
Le conseil, après s’être transporté au champ de foire, décidait que cette bascule serait placée sur le foirail des porcs, à l’intersection de la route de Saint-Laurent, et de la rue longeant le champ de foire.
Les lavoirs
La Fontaine Raby : Cette très ancienne fontaine, qui peut être datée du XIIIème, était appelée « fontaine du Quéroy car située au Quéroy de La Jonchère.Elle devait être contiguëe à l’habitation de « Guy du Quéroy, chevalier, et de Penot du Quéroy, son frère, damoiseau. »
Cette fontaine, alimentée par une source naturelle, qui coule dans deux bacs de forme demi-circulaire, a joué aussi un rôle d’abreuvoir.
A cet emplacement, se trouvait un cimetière ; ne parlait-on pas de « terre du cimetière» ? On pouvait y voir plusieurs tombes qui n’ont été enlevées qu’au début du XIXème. Il s’agissait probablement du cimetière d’un hôpital où celui d’une abbaye.
En 1730, le sieur Raby aurait voulu prendre cette fontaine pour l’emmener chez lui mais il en fut empêché par les lavandières, et par l’intervention de Monsieur de Valeize (notaire).
C’est par dérision que ces lavandières l’auraient baptisée « fontaine Raby ».
Vers le 18ème siècle apparait le lavoir du Vignaud, propriété des seigneurs Léobardy du Vignaud. Il devint commun par la suite.
Au cours du 19ème siècle le lavoir de Planchotte fut construit pour être un lavoir commun et utilisé comme tel jusqu’au milieu des années 1970. Ainsi que le lavoir de la rue de la Poste, ce dernier devrait sa toiture à un don des châtelains de Valmath.
Au 19ème siècle, le lavoir des Petites Maisons fut édifié par Valmath pour ses journaliers résidant sur ce lieu dit.
Autour des années 1930 et 1940, les lavoirs de la route des Billanges, des Adoux, du Cheyroux et du Gouteil sont édifiés.
Contribution de l’ADAJ